La destruction des temples et monastères
destruction de monastères au Tibet
destruction de temple au Tibet

La collectivisation forcée du Tibet s'accompagna de l'élimination programmée des lieux de culte. Pour «briser leurs chaînes », les «serfs tibétains » devaient nécessairement s'affranchir de la religion, symbole de l'ancien régime féodal. Des milliers de moines et lamas furent traînés devant des « tribunaux populaires », soumis pour l'exemple à des procès expéditifs faisant partie des mouvements de lutte idéologiques déclenchés par le régime. Les destructions les plus graves eurent lieu pendant la Révolution culturelle (1966-1976).
L'opération commença au Tibet en septembre 1967. Pour détruire et nettoyer la quasi-totalité du patrimoine religieux tibétain, les Gardes rouges s'étaient vu remettre des listes des lieux saints et des trésors qu'ils renfermaient. Les sanctuaires du Jokhang et du Ramotché, au centre de Lhassa, fuent les premières cibles des gardes rouges. Les témoignages sur ces journées de folie existent. Plusieurs centaines de gardes rouges de dix-huit ou vingt ans, des Chinois et des Tibétains, arrivèrent un matin pour envahir le Jokhang et les dizaines de chapelles intérieures.
Tout fut entièrement saccagé, pillé et souillé. La totalité des statues, textes sacrés et objets rituels fut emportée, tandis que les Gardes rouges entonnaient des slogans révolutionnaires sous le regard de cadres chinois venus pour coordonner les destructions. Après quoi, le Jokhang fut transformé en baraquement pour les soldats chinois, puis en abattoir pour animaux. Pendant cinq jours, les Gardes rouges entretinrent un grand feu devant le sanctuaire pour y brûler des tonnes de reliques.

Le visiteur occidental qui se rend au Tibet sans savoir ce qu'était ce pays avant 1950 risque d'être dupé, car les traces du cataclysme ont pour beaucoup disparu, volontairement effacées ou gommées par le temps. Notamment celles des destructions des temples et des monastères où vivaient des centaines de milliers de moines. Le Tibet comptait six mille de ces universités du bouddhisme tibétain, réparties aux quatre coins du pays, certaines perchées à plus de 5 000 mètres d'altitude, accrochées aux flancs des plus hauts sommets du monde.
Les destructions et les pillages méthodiques ont commencé dès 1950, lors des combats entre l'armée chinoise et les résistants tibétains. Ils se sont brutalement intensifiés après la fuite du dalaï-lama en exil, en mars 1959, à la suite de l'échec d'un soulèvement sanglant à Lhassa contre l'occupant chinois. Furieux de cette révolte tibétaine, Mao Zedong donna l'ordre de lancer immédiatement une vaste « réforme démocratique» dont l'objectif officiel était «l'extermination des puissances réactionnaires tibétaines pour permettre au Tibet de marcher sur une nouvelle voie socialiste et démocratique».

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